C’est une très belle rencontre que propose l’association des Amis de la Librairie de la place aux Herbes. René Frégni vient présenter son dernier roman Minuit dans la ville des songes, un récit poignant, celui de « l’itinéraire atypique d’un enfant qui jette ses lunettes, qui arrive en retard à l’armée, qui se retrouve en prison et qui y découvre la littérature », résume avec amusement René Frégni. « C’est mon roman le plus autobiographique. Il reprend toutes les émotions de ma vie, poursuit l’écrivain marseillais. J’ai eu une enfance catastrophique. J’avais des lunettes, on m’appelait "quatre œils". J’ai abandonné l’école et j’ai traîné dans les rues de Marseille durant toute mon enfance puis je suis parti en voyage ».
S'évader par la lecture
Cette envie d’ailleurs est certainement le second événement marquant de la vie de René Frégni... Qui l’aura mené par la case prison militaire. « Je suis arrivé deux mois en retard pour mon service, j’ai donc été enfermé pendant six mois. Brusquement, tu te retrouves entre quatre murs et la seule évasion possible, c’est la littérature. Le miracle est venu au moment où je me suis penché sur un livre de Jean Genet. J’ai commencé à lire pour m’évader ».
"Parfois, il suffit d’un rien pour changer le destin d’un gamin, d’une maman aimante qui lui lit des histoires"
Ce n’est qu’à l’approche de la quarantaine que René Frégni se pose enfin, après moult aventures. Il s’installe dans un petit cabanon, dans les collines, et se met à écrire. Son premier ouvrage Les chemins noirs, sort en 1988. Un aboutissement pour l’auteur qui a depuis écrit une vingtaine de romans et histoires pour enfant. Rien ne prédestinait René Frégni à ce destin littéraire, si ce n’est sa mère qui lui lisait à voix haute des romans de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas.« J’étais terrorisé par les livres et par l’école. Parfois, il suffit d’un rien pour changer le destin d’un gamin, d’une maman aimante qui lui lit des histoires », se souvient René Frégni avec tendresse.
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Son dernier roman, jette un regard sur les évolutions sociétales de ces soixante dernières années. « De nos jours, la jeunesse ne vit plus du tout comme nous vivions. Le comportement sexuel, l’arrivée de la pilule, la suppression du service militaire obligatoire pour les garçons... Nos vies ont basculé dans les années 70-80. Il y avait beaucoup plus d’interdits à l’époque mais peut-être que le monde était plus joyeux car mon plaisir, c’était de transgresser ces interdits. Aujourd’hui, tout semble permis mais nous sommes d’autant plus conscient des dangers », conclut l’auteur.
Jeudi 9 février 2023, À 18h30, au petit amphithéâtre de la Librairie de la place aux Herbes. Entrée libre.