Tout commence par un amour profond pour l’Allemagne et un goût prononcé pour les voyages. Jean-Louis Leprêtre, actuel président des Amis de la médiathèque d’Uzès, met désormais son expérience des relations européennes et de la culture du Vieux continent au service d’un apprentissage local de l’histoire et des évolutions culturelles en Europe. Depuis 2013, il consacre, avec l’association des Amis, des semaines thématiques sur la culture lettone, allemande, suisse, polonaise ou serbe, comme en 2021. « Il s’agit de mettre en valeur l’Europe des marges, par la culture », résume-t-il.
« L’Art, seul pays où l’herbe repousse »
Ministère des affaires étrangères
Agrégé d’allemand, fort d’étude en ethnologie à Halle, en Allemagne, et titulaire d’une thèse développée outre-Rhin, Jean-Louis Leprêtre multiplie les séjours en Allemagne de l’est, cumulant sept ans durant son adolescence et ses premières années d’adulte. En 1976, il intègre alors le ministère des Affaires étrangères puis connaît sa première expérience à l’étranger en tant que conseiller culturel, à l’ambassade de France à Prague, en Tchécoslovaquie, en pleine période de « normalisation » imposée par l’Union soviétique à la suite du Printemps de Prague. Il devient alors directeur de l’Institut culturel français de Prague. « Dans cette période difficile, la culture était partout, raconte Jean-Louis Leprêtre. Même si nos conditions de travail étaient compliquées, nous avions un accord culturel qui nous permettait de mettre en place des projets ».
En 1983, un poste qu’il attendait avec impatience se libère : toujours en tant que conseiller culturel à l’ambassade de France à Berlin-est, en RDA. « J’étais fasciné par le face-à-face des deux Allemagne, deux systèmes antagonistes ». Les relations avec le régime communiste allemand étaient, d’un point de vue culturel, plutôt bonnes.
« La France était le seul pays à disposer d’un centre culturel en RDA. Pas à pas, nous allions vers une normalisation des relations. Ce qu’on nous a reproché. Mais si l’on ne discute pas, on n’avance pas ».
Jean-Louis Leprêtre se rappelle l’effervescence culturelle des 750 ans de Berlin. « Les deux Berlin rivalisaient de projets culturels. La culture avait alors toute sa place malgré les conflits ». Un constat qui entre en résonance avec la situation actuelle en Ukraine. « Aujourd’hui, la culture n’a pas sa place dans le conflit en Ukraine. Pourtant, elle est primordiale, avec le patrimoine, pour tisser des liens forts entre les peuples ».
Il revient ensuite en France au poste de directeur de la Drac de Bourgogne de 1988 à 1992, où il a « tout appris du patrimoine ». Jean-Louis Leprêtre retourne en Allemagne, à Bonn puis à Berlin en 1994 pour être respectivement attaché culturel à l’ambassade et directeur de l’Institut français de la culture. Il part ensuite, en septembre 1998, à Belgrade. Il y reste sept mois et instaure des relations étroites avec la Serbie. « C’était une période passionnante mais compliquée avec Slobodan Milosevic au pouvoir. Nous avons dû partir après les bombardements de l’Otan en mars 1999 et la rupture des relations diplomatiques ». S’en suivent un poste d’attaché culturel à Zurich, directeur de la Drac de Corse et du Centre avant de terminer son parcours par la Lettonie, entre 2002 et 2011.
Toutes ses expériences, dans des pays où les tensions et les conflits étaient parfois tenaces, rejoignent un même point, à l’heure où l’Europe repense son modèle de fonctionnement :
« Pour avoir une culture européenne, il faut prendre en compte tous les pays qui la composent ».