C’est empli d’empathie que le directeur de l’hôpital d’Uzès, Jean-Luc Montagne a adressé ses vœux aux personnels de l’hôpital et des dix établissements qu’il dirige dans le Gard. Plus qu’un simple rendez-vous traditionnel, c’est un message d’espoir adressé à l’ensemble des personnels hospitaliers « qui a répondu avec un engagement sans faille cette année encore ».
“Il manque 10 infirmiers et 22 aides-soignants”
Très rapidement, le directeur de l’établissement est entré dans le vif du sujet évoquant « le contexte particulier », avec récemment la sortie du livre sur le scandale d’Orpéa (voir ci-contre) et les difficultés auxquelles sont confrontés les établissements de santé.
Apprendre un métier à l'hôpital d'Uzès
Parmi elles, la difficulté pour recruter les personnels soignants qui continue encore de se faire sentir, puisqu’à l’heure actuelle, « il manque 10 infirmiers et 22 aides-soignants», précise Jean-Luc Montagne.
30 000 heures supplémentaires
De ce fait, 30 000 heures supplémentaires par année sont nécessaires pour pallier ces manques. Indispensables au bon fonctionnement de l’établissement, « elles sont nécessaires pour préserver la qualité de travail et le maintien des services ». Là encore, Jean-Luc Montagne reconnaît « la mobilisation collective de tous les services ».
Réforme des retraites : 59 Uzétiens en direction de la manifestation à Nîmes
Mais les problèmes vont de pair avec des solutions à trouver. Le directeur de l’hôpital cite à titre d’exemple la formation de futurs infirmiers et aides-soignants à l’antenne de l’IFSI et l’IFAS du CHU de Nîmes. « 80 étudiants seront accueillis en fin d’année. Il y a maintenant une réflexion à faire sur le logement et la rémunération de ces étudiants », soulève-t-il.
Participation au forum de l’emploi
Par ailleurs, il souhaiterait mettre l’accent sur l’attractivité des métiers de la santé par un apprentissage dans les Ehpad en lien avec le Conseil régional et autres structures encadrantes. « Il est important de développer l’apprentissage pour découvrir des vocations ». Le 12 avril, l’établissement participera au Forum de l’emploi à l’Ombrière, une occasion supplémentaire de susciter des vocations. Jean-Luc Montagne en sera le parrain.
Hôpital d'Uzès : avancer malgré les crises
Côté finances, la situation n’est pas au beau fixe, avec un « déséquilibre budgétaire dans six Ehpad sur dix ». L’objectif étant d’ici cinq ans de « retrouver cet équilibre et une gestion plus favorable pour l’hôpital de proximité (HPR) ». L’année 2023 sera en effet charnière pour l’établissement qui recevra une certification de la Haute autorité de santé en avril prochain.
Des agents hospitaliers à la retraite
Cette cérémonie a aussi été l’occasion pour Jean-Luc Montagne de saluer les personnels soignants retraités en 2021 et 2022. « Nous n’avons pas pu la faire en raison de la crise sanitaire. C’est une cérémonie à laquelle je tiens ». Les agents retraitées sont : Pascale Molimard, Anne-Lise Piastrelli, Marie-Christine Peche, Martine Montbrun, Marie-Odile Francoli, Marlène Gadea et Magali Boutaud Martinez.
Les autres perspectives sont encore nombreuses : développement des consultations avancées et les hospitalisations de jour avec la consultation mémoire, prise en charge renforcée à domicile, création du foyer d’accueil médicalisé (Fam) pour accueillir des personnes handicapées, autant de mesures permettant une prise en charge optimale pour des profils différents. Par ailleurs, le directeur de l’hôpital annonce l’arrivée de « dix lits supplémentaires au service de soins de suite et de réadaptation », information délivrée fin 2022 par arrêté.
“Ce n’est pas le moment de faire cette réforme”
Hormis les nombreuses actions qu’il a scrupuleusement édictées, Jean-Luc Montagne a mis en avant tous les personnels, y compris les retraités (voir encadré) et les jeunes diplômés entre 2021 et 2022.
Taux d’absentéisme stable et dynamisme
Il a à plusieurs reprises souligné leurs implication et détermination, face à des situations complexes. Taux d’absentéisme stable, dynamisme des services, satisfaction des usagers et résidents positive, Jean-Luc Montagne n’a cessé de tarir d’éloges.
«Ce qui se passe chez Orpéa ne se fait pas ici» : interview de Jean-Luc Montagne
Quels sont vos ressentis après la parution des «Fossoyeurs» qui vient de sortir en poche ?
Ce livre a fortement impacté les liens de confiance et quelques fois nous avons le personnel soignant sur le terrain qui souffre d’un sentiment de suspicion. Nous avons une mission de service public. Un amalgame a été fait entre privé et public. Or, ici cela ne se passe pas comme ça, de telles situations ne peuvent pas se produire. à la différence d’Orpéa, nous sommes très contrôlés.
Avez-vous constaté des inquiétudes des familles des résidents ?
Les familles des résidents se sont posés des questions en effet mais nous sommes allés à leur rencontre pour les rassurer.
Quelles sont vos actions pour préserver la qualité et la bientraitance au travail ?
L’accompagnement des personnes vieillissantes s’inscrit pleinement dans le projet d’établissement de l’hôpital et des Ehpad de proximité d’Uzès. Il a dans ce cadre créé le groupe «éthique bientraitance» qui depuis plusieurs années s’inscrit dans le développement de la citoyenneté au sein de nos Ehpad. Plus concrétement, le résident est citoyen de sa vie et décide de ce qu’il veut faire en fonction de ses capacités. Par ailleurs, nous intégrons les familles et les aidants dans l’accompagnement de leurs proches, en les invitant dans les réunions du groupe éthique, en leur permettant de participer et de proposer des activités bénévoles. Enfin, mener le questionnement éthique au sein des Ehpad permet la réflexion et conduit les équipes vers le respect du groupe éthique.
En fin de discours, il a clairement pris position sur la réforme des retraites. « Ce n’est pas le moment de faire cette réforme. Pour l’ensemble des équipes, il est temps de prendre soin de nos soignants et de tous les personnels ».