Clap de fin pour les vendanges 2022. Après un été marqué par une sécheresse remarquable, tous attendaient la fin des vendanges avec appréhension.
“Les rouges seront puissants, avec de jolis équilibres”
Quelques jours après la fin de la récolte, Luc Reynaud du domaine éponyme à Saint-Siffret et vice-président de l’appellation Duché d’Uzès, se dit soulagé après des vendanges qu’il jugent de qualité malgré « 10 à 20% de pertes liées à la grêle de fin juin ».
De bonnes vendanges malgré tout
« Les vendanges se sont bien passées. Après l’été très sec que nous avons connu, les pluies de la fin du mois d’août début septembre ont regonflé les raisins ce qui a permis à la maturité de reprendre, détaille le viticulteur. On avait peur qu’avec la sécheresse, la vigne soit bloquée. On a pensé que les pluies avaient été trop tardives mais finalement, la vigne s’est bien adaptée et a compensé. Mais, pour les blancs, on s’est fait peur au début car sans les pluies, il n’y avait pas de jus ».
D’après lui, les rouges seront « puissants, avec de jolis équilibres », tandis que les blancs seront « très aromatiques ». Côté qualité des raisins, Luc Reynaud apprécie une récolte « très saine, sans pourriture ».
Des augmentations qui auront des conséquences en France
Désormais, place à la vinification, toujours en cours. Les premiers assemblages de blancs sont prévus d’ici huit à dix jours pour une mise en bouteille annoncée en fin d’année. Cependant, l’approvisionnement des bouteilles, des étiquettes et des capsules ainsi que leurs coûts inquiètent Luc Reynaud.
Viticulture en Uzège : dans les vignes, l'eau cristallise les débats
« C’est assez compliqué pour l’approvisionnement. J’ai un confrère qui cherche des capsules, son fournisseur lui a dit pas avant avril », indique le viticulteur. Le prix du verre a augmenté de plus de 50% et d’autres augmentations sont à prévoir. Des hausses que Luc Reynaud sera obligé de répercuter sur le prix de ses bouteilles.
Problématiques viticoles, des élus concernés
C’est à la cave d’Euzet que les Vignerons des Capitelles, sous la présidence de Didier Pascal, ont reçu, le jeudi 29 septembre, le sénateur Denis Bouad et Bérengère Noguier, conseillère départementale déléguée à la transition économique et la biodiversité. Tous deux étaient venus en cette fin de période de vendanges pour faire le point avec les viticulteurs des caves de Foissac, Saint-Laurent-la-Vernède et Euzet regroupées sous l’appellation Vignerons des Capitelles labellisée Haute valeur environnementale.
Bien entendu, le point principal évoqué a été la sécheresse de ce dernier été avec les conséquences de pertes de récoltes et les questions qu’elle entraine ainsi que les solutions qui pourraient y être apportées. Tous étaient d’accord pour dire qu’il était « bien dommageable que la région reçoive d’énormes quantité d’eau au moment des épisodes cévenols sans qu’on ne puisse la retenir, cette dernière se perdant et retournant à la mer. Car, avec le changement climatique, les périodes de sécheresse risquent fort de se multiplier et l’arrosage des vignes, devenir inévitable. Il y a bien entendu la possibilité de retenues collinaires - dossier déjà ancien à remettre à l’ordre du jour puis l’apport d’eau par le canal du Bas Rhône et enfin, après le recensement en cours des nappes souterraines, qu’il soit possible de puiser dans les Gardons. Pour cela, la priorité est de connaître qui portera le projet, avec des structures à créer et l’étude de toutes les pistes à réaliser ».
À savoir : l'existence de l'assurance récolte
Le sénateur a également profité de sa tournée des vendanges pour mettre en avant un système d’assurance récolte récemment revu par le Sénat. Dans ce système, la franchise représentera 20% des pertes, l’assurance prendra en charge entre 20 et 50% de celles-ci et l’État, les 50% restants.
C’est au niveau du mode de calcul que le bât blesse. En effet, celui-ci se base sur la moyenne olympique, c’est-à-dire sur les cinq meilleures années, moins la meilleure et la pire. Une formule adoptée lors des accords de Marrakech en 1994 et désormais décriée par les vignerons.
Milésime 2022 : une qualité exceptionnelle
Aude Tisseraud, directrice de la cave, a ensuite pris la parole pour parler du millésime des dernières vendanges qui, si la quantité n’est pas tout à fait à la hauteur espérée, présente une qualité qui est vraiment exceptionnelle avec, en particulier, des blancs beaucoup plus aromatiques. En fin de rencontre, les adhérents ont pu échanger avec tous les protagonistes de cette visite sur les problèmes inhérents à leur profession. Mis en évidence, bien entendu, celui de l’assurance pour les aléas climatiques qui peine à convaincre nombres d’entre eux à s’assurer. En définitive, une rencontre où le plus grand nombre de questions ont pu être exprimées et entendues, reste à en attendre des solutions.
“C’est surtout de se retrouver avec des surplus dans les cuves”
Après cette première entrevue avec les professionnels des caves coopératives, le sénateur Denis Bouad a rencontré plusieurs producteurs de caves particulières. L’élu a de nouveau évoqué les différents enjeux et problématiques du secteur. Mais, ce qui inquiète les vignerons locaux, « c’est surtout de se retrouver avec des surplus dans les cuves, suite à la baisse du pouvoir d’achat». « Il y a des vins qui ne partiront pas, même en bio », signale Michel Souchon, vigneron à la cave de Durfort et président de l’appellation Duché d’Uzès.